GALAXIE 1ère SERIE

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Après la disparition en avril 1959 au bout de 65 numéros, de la première édition de la revue Galaxie qui était je le rappelle la traduction française de magazine américain Galaxy Science-Fiction, Alain Dorémieux alors rédacteur en chef de Fiction se fendit dans le numéro 68 de sa revue d'un article sur la mort de Galaxie. En explicitant les raisons de cette disparition on sent poindre de la part de Dorémieux une certaine satisfaction après la mort d'une publication qui malgré toutes ses imperfections était concurrente de la sienne.

LA MORT DE «GALAXIE»

par Alain Dorémieux

II y avait longtemps — deux ans au moins — qu'on enterrait périodiquement « Galaxie ». J'ai bien entendu courir une dizaine de fois le bruit de sa mort, toujours prématuré. Le mois suivant, on le voyait quand même paraître, sous ses affreuses petites couvertures bariolées, dont certaines eussent pu être fort belles.

Et puis, sans crier gare, « Galaxie » est mort pour de bon après être entré dans son soixante-cinquième numéro. C'était quand même notre compagnon fidèle, si l'on peut dire. Son orbite et la nôtre étaient parallèles. Nous avions commencé nos carrières ensemble et nos numéros portaient chaque mois le même chiffre.

Je ne viens pas ici verser des larmes de crocodile sur sa tombe. J'aimerais simplement me pencher sur cette disparition pour tenter d'en étudier les causes profondes et d'en dégager une moralité.

Remontons en arrière. Nous sommes à la fin de l'année 1953. La S. F. commence péniblement, modestement, à se faire un nom en France. Les premières parutions du Fleuve Noir et du Rayon Fantastique ont recruté un premier noyau d'amateurs. Deux revues américaines, parmi les plus célèbres dans leur pays d'origine, décident simultanément l'une et l'autre de lancer une édition française. Il s'agit de « Galaxy Science Fiction » et de  Fantasy and Science Fiction ». La première sera  « Galaxie », la seconde « Fiction ».

Voici donc deux publications dont on peut dire qu'elles commençaient chacune leur carrière dans des circonstances strictement analogues, avec autant (ou aussi peu) de chances de succès l'une que l'autre. Elles avaient un terrain vierge à défricher, un public neuf à découvrir, une voie difficile à tracer. Cette voie était la même pour toutes les deux; seuls pouvaient différer les moyens d'accès.

Que voyons-nous ensuite ? Qu'on m'excuse de tomber dans l'odieuse fatuité d'un auto-panégyrique, mais les faits parlent d'eux-mêmes. Très vite, se sont manifestés deux « styles » différents. Dans un cas, nous avons une revue américaine adaptée, transposée, digérée, sélectionnée et augmentée à l'usage du public français ; dans l'autre, une revue américaine décalquée anonymement sans apport personnel, sans effort de recherche, et surtout, malheureusement, sans conviction. Dans le premier cas, l'ébauche progressive et la formation d'une politique rédactionnelle, avec des tâtonnements, des erreurs, mais toujours une ligne de conduite ; dans le second, l'absence continue de toute politique rédactionnelle, le produit de manufacture à l'état brut. Bref, d'un côté, une revue qui se veut vivante, c'est-à-dire en perpétuelle évolution, et de l'autre une revue à tout jamais stéréotypée, c'est-à-dire sclérosée.

Il serait inutile de rechercher les responsables de cet état de choses pour « Galaxie », puisqu'il fallait plutôt en accuser l'absence de responsables. « Galaxie » avait le malheur d'être édité par des gens qui n'y comprenaient rien, n'y croyaient pas et s'en foutaient, attachant bien plus d'importance aux autres publications à succès de leur maison, destinées aux midinettes ou aux amateurs de faits divers sanglants. Et ainsi a-t-on pu dire, sans même que ce fût une boutade, que les seules personnes qui faisaient la revue, c'étaient les traducteurs. La rédaction-fantôme de « Galaxie » (tellement fantôme que jamais personne n'arrivait à voir le « rédacteur ») n'était en somme qu'un secrétariat s'occupant de transmettre des textes américains à traduire.

Le résultat de tout cela n'avait pas de quoi surprendre. Nous savions de source certaine que « Galaxie » tirait deux fois moins que « Fiction » et vendait trois fois moins... Alors que « Fiction » n'a jamais cessé depuis sa création d'accroître (très lentement mais régulièrement) son chiffre de vente.

Autrement dit, « Galaxie » portait en lui-même le germe de son fiasco. Et ce ne sont pas les timides et ternes tentatives faites pour animer la revue (courrier des lecteurs entièrement apocryphe, rubrique des soucoupes volantes signée Jimmy Guieu, critiques de quelques livres) qui pouvaient y changer quelque chose.

Et pourtant, je l'avoue, je serai de ceux qui regretteront « Galaxie ». Il fut un temps où chaque numéro apportait à l'amateur de S. F. au moins deux ou trois nouvelles « à tout casser ». Un des titres de gloire de la revue est d'avoir révélé au public français le merveilleux Robert Sheckley. On y lisait régulièrement des nouvelles

 

de Clifford Simak, Théodore Sturgeon, Damon Knight, Fritz Leiber et autres excellents auteurs. Chose curieuse, cependant, tous ces écrivains — même des stylistes comme Damon Knight — adoptaient dans « Galaxie » le même style uniforme et impersonnel. De là à conclure qu'ils tiraient à la ligne quand ils travaillaient pour le « Galaxy » américain, il n'y avait qu'un pas, mais il est juste de dire en outre que leurs récits étaient proprement sabotés par des traductions exécrables, et régulièrement amputés d'un bon tiers dans l'édition française.

Le « Galaxy » américain, copieux, imprimé avec soin, avec de belles illustrations et de superbes couvertures, donnait une impression de richesse que n'a jamais eu sa médiocre et pâle reproduction française. D'un bout à l'autre, à tous les stades, on peut vraiment dire qu'il s'agissait là d'une entreprise de sabotage, poursuivie avec un haut degré d'inconscience.

On pourrait créer un « sottisier » de « Galaxie », en l'alimentant d'anecdotes multiples. Il y eut par exemple une période délirante où une consigne avait décrété que tous les récits traduits de l'américain seraient censés se dérouler en France; une action primitivement située en Californie ou en Floride se voyait transposée quelque part dans le Calvados ou le Morbihan; quant aux personnages, leurs noms étaient francisés de façon littérale, chaque fois que la chose était possible : Mr. Brown devenait M. Brun et Mr. Fischer M. Pêcheur !

A « Galaxie », on ne s'apercevait jamais de rien. Le roman d'Alfred Bester « Terminus les étoiles » fut publié originellement en feuilleton dans le « Galaxy » américain et l'édition française en avait donc les droits. Quand elle se décida à le publier (d'ailleurs abominablement tronqué), le roman avait déjà été traduit depuis plusieurs mois chez Denoël, mais personne à « Galaxie » ne s'en était rendu compte !

De même, comme le fait remarquer mon ami Pierre Versins, personne à « Galaxie » n'a dû s'apercevoir que la revue allait cesser de paraître, puisque le numéro 65 et dernier comporte l'annonce d'une nouvelle devant figurer dans le numéro suivant...

Voici encore une autre anecdote certifiée exacte. Dans le numéro 62 de « Fiction », en présentant « Ceux d'Argos » de Martine Thomé et Pierre Versins, je lançais un coup de patte à « Galaxie », sans le nommer, dans les termes suivants : « Martine Thomé méritait bien cette seconde chance après avoir passé l'an dernier une nouvelle intitulée « Maternité », dans une revue de science-fiction où l'irrespect des textes est une insulte aux lecteurs — nouvelle qui fut à ce point estropiée par la rédaction qu'elle eut du mal à la reconnaître ! » Peu après, je rencontrai un ami, collaborateur d'une autre revue de la maison éditrice de « Galaxie », lequel ami me raconta qu'il avait mis ces lignes sous les yeux des personnes intéressées. Aucun dirigant de « Galaxie » ne s'y était reconnu! Tous prétendaient n'avoir jamais entendu parler do celle Martine Thomé, et affirmaient que ce n'était certainement pas leur revue qui était en cause...

J'ai souvent pensé qu'il fallait au " Galaxy" américain une sérieuse dose de qualité pour qu'il en subsiste au moins un reflet après ces destructions systématiques. Lire "Galaxy" dans le tecte, c'était tout de même autre chose. Cette revue a créé un ton, et de ce fait a marqué profondément le genre. Ce ton, ces dernières années, est allé en se dégradant. C'est la rançon du succès et de l'exploitation des recettes. Mail il y a eu là une prodigieuse pépinière d'idées de science-fiction. Un climat intellectuel excitant, une savoureuse sophistication, une virtuosité évoquant le jeu d'un jongleur, voilà ce qu'on trouvait et que l'on trouve encore, quoique de façon plus rare, dans "Galaxy". Mais de tout cela, je le répète, les lecteurs français n'ont jamais eu qu'une image déformée et amoindrie, par la faute d'éditeurs qui ont joué en l'occurence le rôle d'un éléphant dans un magasin de porcelaine.

En conclusion, je ne pourrai dire qu'une chose : la carrière de « Galaxie » a représenté une incroyable série de maladresses, et son échec final a été le plus bel exemple d'auto-destruction qui se puisse concevoir. L'erreur majeure a sans doute été, de la part des éditeurs de « Galaxie », de s'imaginer qu'il s'agissait d'une revue populaire (l'habitude de leur marchandise !), au lieu de se rendre compte qu'il s'agissait d'une revue pour intellectuels légèrement biscornus. Ils ont tout fait pour mettre « Galaxie » au niveau des concierges ! Mais les concierges ne lisaient pas « Galaxie »... Il y a eu là de l'aberration, mais comment en vouloir à ces gens : la science-fiction, après tout, ils ne savaient même pas ce que cela voulait dire !...




Article publié dans le numéro 68 de Fiction de juillet 1959.

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